Version française / Publications
Archiver la Cour, XIVe-XXe siècles
Publié le 7 mai 2019 – Mis à jour le 7 mai 2019
Numéro du Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, sous la direction de Pauline Lemaigre-Gaffier et Nicolas Schapira, Versailles, 2019.
Quelle place tient l’écrit à la cour, cet espace associé ordinairement au geste cérémoniel et à l’échange verbal ? Poser cette question permet d’approcher à nouveaux frais la nature de la cour, abstraction manipulée par tant de discours, mais qui est aussi un agrégat de pratiques : regarder l’écrit et les logiques propres de ses apparitions et de ses sédimentations est en effet une voie pour tenir ensemble cette double nature. De cette question initiale posée en 2015 lors d’une première journée d’études qui s’était tenue à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, et de la confrontation de différents types d’écrits, a émergé une problématique centrée sur l’archivage de la cour – développée notamment lors d’une seconde journée d’études, qui s’est tenue à l’université de Paris-Est Marne-la-Vallée en 2016. Fixant, chacun à leur manière, des états de la cour, de multiples écrits curiaux tiennent en effet à des pratiques d’archivage dont ce dossier – réunissant les contributions révisées de ces deux journées – s’attache à mettre en lumière les modalités et les finalités. Comment la cour se trouve-t-elle instituée par de telles pratiques ? Et comment agissait-on à la cour en l’archivant ?
La notion d’archivage permet dès lors à la fois d’analyser la cour comme réseau d’écrits tantôt mis en réserve, tantôt mis en lumière, et d’étudier ensemble des séries d’archives et des écrits qui participent – de fait ou selon une logique explicite – à l’institutionnalisation de la cour – sans essentialiser pour autant une culture écrite spécifique à la cour. Par archivage, on entend donc aussi bien la mise en œuvre, dans un document singulier, d’une démarche de relation ou d’inventaire, que la production organique d’une série documentaire, ou bien encore des opérations de réagencement après coup sous forme de collection ou de compilation. Ce dossier permet ainsi de décloisonner deux traditions d’étude elles-mêmes fondées sur des traditions documentaires – la réflexion sur le pouvoir de fixation de l’écrit et celle qui porte sur les modes et les usages de l’accumulation et de la conservation organisées des pièces liées aux procédures.
Considérer la cour au prisme de l’archivage implique également de tenir ensemble des temporalités différentes, ce qui a incité à adopter une perspective de longue durée – de l’essor documentaire des cours aux XIVe-XVe siècles à leur réinvention post-révolutionnaire. Cette chronologie permet autant de mettre au jour les jeux sur le temps de l’action et celui de la mémoire que d’insister sur les moments forts de réagencement archivistique comme moments de réinvention de la cour. Au final, multiplicité des acteurs, profusion des objets et des supports témoignent simultanément de la mise en place de pratiques réglées d’archivage, de la diversité des foyers de l’archivage et, même, de la perpétuation de trous de mémoire – ce qui participe de l’identité socio-politique curiale et, donc, des logiques de gouvernement de la cour et par la cour.
journals.openedition.org/crcv/16313
La notion d’archivage permet dès lors à la fois d’analyser la cour comme réseau d’écrits tantôt mis en réserve, tantôt mis en lumière, et d’étudier ensemble des séries d’archives et des écrits qui participent – de fait ou selon une logique explicite – à l’institutionnalisation de la cour – sans essentialiser pour autant une culture écrite spécifique à la cour. Par archivage, on entend donc aussi bien la mise en œuvre, dans un document singulier, d’une démarche de relation ou d’inventaire, que la production organique d’une série documentaire, ou bien encore des opérations de réagencement après coup sous forme de collection ou de compilation. Ce dossier permet ainsi de décloisonner deux traditions d’étude elles-mêmes fondées sur des traditions documentaires – la réflexion sur le pouvoir de fixation de l’écrit et celle qui porte sur les modes et les usages de l’accumulation et de la conservation organisées des pièces liées aux procédures.
Considérer la cour au prisme de l’archivage implique également de tenir ensemble des temporalités différentes, ce qui a incité à adopter une perspective de longue durée – de l’essor documentaire des cours aux XIVe-XVe siècles à leur réinvention post-révolutionnaire. Cette chronologie permet autant de mettre au jour les jeux sur le temps de l’action et celui de la mémoire que d’insister sur les moments forts de réagencement archivistique comme moments de réinvention de la cour. Au final, multiplicité des acteurs, profusion des objets et des supports témoignent simultanément de la mise en place de pratiques réglées d’archivage, de la diversité des foyers de l’archivage et, même, de la perpétuation de trous de mémoire – ce qui participe de l’identité socio-politique curiale et, donc, des logiques de gouvernement de la cour et par la cour.
journals.openedition.org/crcv/16313
Mis à jour le 07 mai 2019