Version française / Membres / Doctorants
Maël PERRIER-GRASLAND
Direction : Laurence Moulinier (Université Paris Nanterre) et Piroska Nagy (Québec - UQAM).
Titre de la thèse : Les normes de genre au Haut Moyen Âge (VIe-XIe siècle) : entre conformité et transgression.
Résumé : L'objectif de notre projet est d'analyser et d'historiciser les normes de genre à l'époque altimédiévale, en partant de « l'idée que les comportements « féminins » ou « masculins », tels qu'ils sont répertoriés et imposés dans une société donnée et tels qu'ils sont intériorisés par les individus, ne découlent pas (naturellement) de particularités physiques ou biologiques, mais sont des principes de classements et de hiérarchisations » construits par des discours performatifs. Notre cadre d'étude se circonscrit à l'Europe occidentale chrétienne, entre le VIe et le XIe siècle. Ces bornes chronologiques délimitent un moment privilégié dans la construction des normes médiévales, en tant que pivot entre les bases intellectuelles posées par le christianisme patristique antique et l'aboutissement de la maturité institutionnelle de l'Église que représente la réforme grégorienne. Nous inscrivons notre démarche dans la conjugaison de deux concepts, les « normes » et le « genre ». Les normes s'entendent ici au pluriel et ne sont pas équivalentes au droit, mais possèdent un sens plus profond et plus structurant. Les normes, sont des « énoncés prescriptifs généraux sur un type de comportement à adopter dans un champ social donné », de natures et d'effectivités variables, qui peuvent prendre la forme de règles et de limites objectives associées à des sanctions directes, mais aussi de codes, valeurs et modèles sociaux et moraux dont la transgression n'implique pas nécessairement de punition explicite. Or, si les normes sont donc des « valeurs de référence qui disciplinent la société médiévale », il apparaît comme primordial de comprendre qu'une société se définit comme un « ensemble différencié d'identités sociales ». Pour notre sujet, cela signifie la construction d'identités de genre intelligibles, socialement conformes à un système de normes donné. En effet, le genre, les genres sont des constructions sociales appliquées, par une société, à des corps sexués en fonction de différences biologiques perçues qui se matérialisent par un ensemble de pratiques, d'expériences, de mentalités, de rôles, de comportements et d'actions astreintes à des identités masculines et féminines symboliques codifiées et hiérarchisées. Le genre est propre à un espace-temps donné et en constante évolution, et il ne se conçoit que dans une logique relationnelle de rapports sociaux et de pouvoir historicisés. Le genre est, alors, tributaire de normes d'intelligibilité sociales qui viennent assurer la cohérence et la continuité entre genre, sexe et désir aux yeux de la société. Plus particulièrement, il faut resituer l'identité de genre dans un ensemble identitaire plus vaste, constitué d'une variété de formes d'identifications, d'appartenances relationnelles et de modalités d'actions qui se superposent et se conjuguent. Pour cela, nous proposons d'étudier un corpus documentaire producteur de représentations et de discours prescriptifs, afin d'historiciser les différentes catégories normées de masculinités et de féminités construites à l'époque, et ce, dans une logique relationnelle, à la fois entre les sexes, mais aussi par rapport à d'autres critères d'identité sociale déterminants. De manière plus concrète, notre intention est d'interroger attentivement la production documentaire normative de l'époque, de sa fabrique à sa transmission et à sa conservation en utilisant une grille de lecture qui s'articule autour de trois pôles : définir les différentes masculinités et féminités altimédiévales ; déterminer de quelles manières ces critères identitaires sont mobilisés dans l'interaction sociale, dans les rapports entre les sexes ; enfin, questionner leur rôle dans l'organisation de la société. Nous proposons de catégoriser l'appareil discursif que nous étudions selon deux types : les limites objectives à ne pas franchir et les idéaux contraignants à atteindre.
Champs de recherche : Histoire ; Genre ; Mentalités.
Titre de la thèse : Les normes de genre au Haut Moyen Âge (VIe-XIe siècle) : entre conformité et transgression.
Résumé : L'objectif de notre projet est d'analyser et d'historiciser les normes de genre à l'époque altimédiévale, en partant de « l'idée que les comportements « féminins » ou « masculins », tels qu'ils sont répertoriés et imposés dans une société donnée et tels qu'ils sont intériorisés par les individus, ne découlent pas (naturellement) de particularités physiques ou biologiques, mais sont des principes de classements et de hiérarchisations » construits par des discours performatifs. Notre cadre d'étude se circonscrit à l'Europe occidentale chrétienne, entre le VIe et le XIe siècle. Ces bornes chronologiques délimitent un moment privilégié dans la construction des normes médiévales, en tant que pivot entre les bases intellectuelles posées par le christianisme patristique antique et l'aboutissement de la maturité institutionnelle de l'Église que représente la réforme grégorienne. Nous inscrivons notre démarche dans la conjugaison de deux concepts, les « normes » et le « genre ». Les normes s'entendent ici au pluriel et ne sont pas équivalentes au droit, mais possèdent un sens plus profond et plus structurant. Les normes, sont des « énoncés prescriptifs généraux sur un type de comportement à adopter dans un champ social donné », de natures et d'effectivités variables, qui peuvent prendre la forme de règles et de limites objectives associées à des sanctions directes, mais aussi de codes, valeurs et modèles sociaux et moraux dont la transgression n'implique pas nécessairement de punition explicite. Or, si les normes sont donc des « valeurs de référence qui disciplinent la société médiévale », il apparaît comme primordial de comprendre qu'une société se définit comme un « ensemble différencié d'identités sociales ». Pour notre sujet, cela signifie la construction d'identités de genre intelligibles, socialement conformes à un système de normes donné. En effet, le genre, les genres sont des constructions sociales appliquées, par une société, à des corps sexués en fonction de différences biologiques perçues qui se matérialisent par un ensemble de pratiques, d'expériences, de mentalités, de rôles, de comportements et d'actions astreintes à des identités masculines et féminines symboliques codifiées et hiérarchisées. Le genre est propre à un espace-temps donné et en constante évolution, et il ne se conçoit que dans une logique relationnelle de rapports sociaux et de pouvoir historicisés. Le genre est, alors, tributaire de normes d'intelligibilité sociales qui viennent assurer la cohérence et la continuité entre genre, sexe et désir aux yeux de la société. Plus particulièrement, il faut resituer l'identité de genre dans un ensemble identitaire plus vaste, constitué d'une variété de formes d'identifications, d'appartenances relationnelles et de modalités d'actions qui se superposent et se conjuguent. Pour cela, nous proposons d'étudier un corpus documentaire producteur de représentations et de discours prescriptifs, afin d'historiciser les différentes catégories normées de masculinités et de féminités construites à l'époque, et ce, dans une logique relationnelle, à la fois entre les sexes, mais aussi par rapport à d'autres critères d'identité sociale déterminants. De manière plus concrète, notre intention est d'interroger attentivement la production documentaire normative de l'époque, de sa fabrique à sa transmission et à sa conservation en utilisant une grille de lecture qui s'articule autour de trois pôles : définir les différentes masculinités et féminités altimédiévales ; déterminer de quelles manières ces critères identitaires sont mobilisés dans l'interaction sociale, dans les rapports entre les sexes ; enfin, questionner leur rôle dans l'organisation de la société. Nous proposons de catégoriser l'appareil discursif que nous étudions selon deux types : les limites objectives à ne pas franchir et les idéaux contraignants à atteindre.
Champs de recherche : Histoire ; Genre ; Mentalités.
Mis à jour le 10 novembre 2024