Religieuses et érudites

Publié le 19 septembre 2022 Mis à jour le 31 mars 2024
Date(s)

le 23 septembre 2022

Les décrets tridentins bouleversent l’existence des communautés religieuses féminines, (ré)affirmant le strict principe de la clôture ainsi qu’une localisation en ville. Ces réajustements, accompagnés par les nombreuses réformes des ordres anciens ou bien la création de nouvelles communautés, ont accentué les différences genrées entre réguliers et régulières, soulignées ces dernières années par de nombreux historiens et historiennes. Dans ce contexte, à l’instar de ce qui se passe dans le monde régulier masculins, les religieuses produisent de nombreux textes appelés « histoires », « annales », « remarques », ou encore « chroniques », qui visent à écrire l’histoire de leur établissement, de leur ordre ou de leur congrégation. Mais à la différence de ce qu’on observe chez les réguliers, ces textes demeurent le plus souvent manuscrits. Écrits par des communautés anciennes (les bénédictines, les clarisses, etc.) ou plus récentes (les annonciades, les visitandines, les nombreuses congrégations des XIXe et XXe siècles), ils sont aujourd’hui conservés dans des fonds d’archives privés (les établissements religieux qui les ont produits) ou publics (bibliothèques municipales, archives départementales, etc.). Ils sont le plus souvent connus des historiennes et des historiens qui les ont étudiés en les considérant comme de précieuses sources d’informations sur l’histoire des communautés régulières féminines. C’est d’ailleurs ce qui a pu motiver un certain nombre d’éditions. Nous proposons de changer de perspective en interrogeant cette documentation dans une triple direction : sa matérialité ; la manière dont les religieuses écrivent leur propre histoire ; les usages sociaux et politiques que celles-ci peuvent en faire. Il s’agit en fin de compte de prendre au sérieux le geste d’écriture des religieuses : comment se manifeste-t-il et sous quelles formes ? Pourquoi prendre la plume pour écrire une histoire ? Selon quelles méthodes ? Nous postulons qu’une attention particulière portée à ce type de textes peut permettre de décloisonner l’approche des communautés régulières féminines en les replaçant dans leur environnement socio-culturel, au coeur de la cité. Dans la lignée des travaux des historiens et historiennes médiévistes, notamment ceux de Brian Stock, les moments de fondation, de refondation ou encore de réforme, fréquents tout au long des périodes modernes et contemporaines, apparaissent comme particulièrement propices et favorables à la rédaction de ce type de manuscrits, qui viennent (re)fonder les communautés autour de l’écrit.
 
La première journée d’étude, qui aura lieu à Montpellier le 23 septembre 2022, sera consacrée à la matérialité des histoires et chroniques manuscrites produites dans le monde chrétien des époques modernes et contemporaines. Il s’agira d’étudier la production, la circulation et la question de l’auctorialité de ces manuscrits dans un contexte où domine l’imprimé. 
 
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Mis à jour le 31 mars 2024